Photographer: © Felipe Ribon
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Mathieu Lehanneur réalise l’aménagement du choeur de l’église St Hilaire à Melle dans les Deux Sèvres. Le designer sublime le bâtiment roman par une touche d’hyper minéralité, un surgissement de marbre blanc qu’il imagine «antérieur à la construction de l’église. Une présence minérale qui pourrait même justifier que l’église fut construite là. En écho à l’extrême attention portée aux énergies telluriques des pierres et des territoires dans l’édification des églises romanes, ce lieu de culte aurait été bâti sur cette zone spécifique pour l’énergie perceptible qui s’en dégage.»
Un geste architectural aussi paradoxal qu’étrangement évident qui fera sans conteste date dans l’aménagement d’ ouvrages religieux. Le marbre blanc crée un bloc de minéralité homogène, formé de strates successives qui semblent rappeler la formation sédimentaire du sous-sol. Le mobilier liturgique (autel et ambon) sont eux fabriqués en albâtre de couleur ambre, proche de la couleur de la pierre originelle de l’église. Le résultat est un choc visuel comme Lehanneur en a le secret, utilisant cette fois la pureté du chaos géologique pour souligner la perfection de la géométrie romane.
L’imbrication entre l’église et cette masse minérale est complétée par le baptistère creusé à même la matière. L’eau qu’il accueille semble être celle de la rivière qui coule en contrebas de l’église. Ultime enchevêtrement du bâtiment avec son environnement.
Un scénario inspiré par la topologie du lieu, à l’image d’une « boite » enfoncée dans le sable, l’église donne en effet le sentiment d’être blottie dans son territoire. Ce n’est pas un simple bâtiment posé sur le sol, elle fait corps avec la région elle-même et se révèle au visiteur en descendant. L’idée centrale du projet était donc d’accentuer cette sensation de découverte progressive et d’ancrage terrestre »j’imagine que lorsque cette « boite » s’est enfoncée dans le sol comme poussée par une main invisible – peut-être divine, elle en a révélé la géologie, la face visible d’une forme minérale et massive. Une révélation qui semble antérieure – et non postérieure – à la construction de l’église.«
Ce jeu entre construction antérieure ou postérieure permet de générer un relief qui pose une hiérarchie naturelle entre le célébrant et les fidèles. Il utilise alors simplement la topologie du lieu pour mieux se faire entendre. Une architecture organique qui n’est pourtant pas en rupture avec les codes liturgiques et dissimule des invariants symboliques comme le baptistère à huit côtés, ou l’autel bâti à la croisée du trancept.
Mathieu Lehanneur
Photographer: © Felipe Ribon
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