Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : David Romero-Uzeda
Ce projet porte l’ambition de devenir un nouveau modèle de médiathèque. Le programme réinterroge ses fonctions pour lui donner le contenu d’un troisième lieu, un lieu où le public devient acteur de sa propre condition, un lieu où l’on conçoit autant que l’on reçoit. Associé au programme de base, le bâtiment accueille des espaces d’exposition, de création, des studios de musique, un café restaurant. Pour donner du sens à ce nouveau programme, il semblait nécessaire de réinterroger le mode de fabrication de ce type de lieu. Les différentes activités programmatiques se diluent les unes dans les autres et créent un dispositif dynamique. Le principe spatial s’appuie sur une superposition de différents systèmes sans hiérarchie.
Le bâtiment s’inscrit dans un carré, figure isotrope qui ne privilégie pas de direction. Cette figure est initiée par la géométrie de la place, le bâtiment se rapproche de la couronne de platanes qui entoure le site. C’est la première épaisseur qui fait filtre avec la rue, il semble jouer avec cette première colonnade végétale. La façade fonctionne comme un ruban qui se déroule et vient accueillir les univers contenus dans le programme. Le déplié les accueille dans la partie concave, l’effet d’enroulement donne le sentiment d’une continuité spatiale.
L’enveloppe fonctionne comme une membrane protectrice qui contient l’espace tout en gardant un rapport constant avec l’extérieur. Lorsqu’il est le plus proche de la rue, le ruban s’abaisse pour mieux le contenir tandis qu’il se soulève lorsqu’il est en retrait. Dans les creux, la limite entre l’espace intérieur et l’espace urbain se fait moins forte et permet de s’approcher, d’investir visuellement le bâtiment. Les pleins et les déliés produisent une ambiguïté entre le dedans et le dehors, ils réinterrogent les limites de l’espace public. L’espace devient incertain, il ne possède plus de contours clairs et questionne sa pratique, ses usages.
La lumière se déploie le long du ruban qui la distribue dans les espaces et jusqu’au cœur du bâtiment. Une rampe jardin offre une nouvelle échappée vers l’extérieur dans un parcours ascensionnel qui conduit à un bar d’été, point d’orgue de la promenade architecturale. Le jardin prolonge la déambulation intérieure, on s’approche de la ligne d’horizon, la ville disparaît et seul le couronnement des platanes dialogue avec le ciel. De nouveaux usages sont possibles. On peut faire la sieste, pique niquer, lire en plein air, se rassembler.
Le bâtiment repose sur un principe de systèmes irréguliers autonomes. La superposition de ces systèmes simples mais qui renvoient à des logiques indépendantes produit une tension dans l’espace et dans sa lecture. Ainsi, l’espace perceptif optique, échappe à l’espace euclidien qui privilégie les lignes droites. Les poteaux ne s’organisent pas selon une trame régulière lisible. Ils semblent positionnés de façon aléatoire mais répondent littéralement aux exigences de stabilité. Cette irrégularité fait disparaître le carcan virtuel d’une structure orthonormée pour laisser place à un désordre apparent. Les bulles contiennent des éléments du programme très spécifiques comme l’heure du conte, des laboratoires de langue, des lieux pour jeux vidéo, une salle d’arts plastiques, etc. La forme et la hauteur sont adaptées à leur fonction.
Elles sont définies comme des cocons où l’on est coupé des autres univers, où l’on échappe à la partie collective. Les matières sont très diverses. Les surfaces rugueuses et douces du liège contrastent avec le blanc immaculé de la salle d’art plastique. Les bulles sont le dernier refuge, le lieu le plus intime du bâtiment. Elles aussi, ne répondent pas à une logique cartésienne. La distance qui les sépare dépend de leur aire d’influence, de leur échelle. De même les sols et les plafonds de l’espace principal sont constitués de surfaces discontinues et autonomes dont les tracés sont indépendants les uns des autres. La couleur et les matières de l’espace principal font apparaître des variations de lumière et de teinte qui contrastent avec la matérialité des bulles. Le vert et le blanc prolongent le jardin qui pénètre au cœur du bâtiment et se rattachent à la couronne de platanes. L’espace est fluide, les parcours multiples offrent des points de vues toujours renouvelés, inédits.
Le processus de dévoilement des univers devient le jeu de la promenade. Le déplié de l’enveloppe accentue cette impression d’espace infini. Le ruban prend toute sa force. Dans cet espace « indicible » la notion de gravité semble s’évanouir, le toit et les murs semblent flotter. Dans le bâtiment les postures sont multiples, on peut se blottir, s’allonger, se percher en hauteur et se balancer. L’ergonomie est réinterrogée, la place du corps est réhabilitée dans une approche ludique. Les couches, les calques se multiplient tout en conservant leur autonomie, leur logique. Ce projet contient des dispositifs qui se côtoient sans conflits. Les logiques s’enrichissent mutuellement ; logiques programmatiques, structurelles, spatiales. Cette sophistication génère une « acoustique plastique » qui donne à ce nouveau lieu une atmosphère qui transporte et réinterroge le rapport au corps, la fluidité. La lecture de l’espace n’est pas univoque, la perception qu’on en a révèle une complexité, une richesse inattendue. C’est un espace de liberté.
Ville de Thionville
Dominique Coulon & associés
Dominique Coulon, Steve Letho Duclos
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : David Romero-Uzeda
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : David Romero-Uzeda
Photographe : David Romero-Uzeda
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : David Romero-Uzeda
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : David Romero-Uzeda
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons
Photographe : Eugeni Pons