Casa Mollino: Citadelle d’un philosophe
Texte par Adam Štěch
Tchèque, République
03.11.16
Basé à Prague et fondateur de la revue et galerie Okolo, Adam Štěch a récemment rencontré l’un des conservateurs de la Casa Mollino, Fulvio Ferrari. Destiné à figurer dans sa publication European Design Stories qui fut lancée pendant la semaine du design de Milan, cet entretien porte sur ce musée basé à Turin, ses archives et sa bibliothèque, mais également sur l’aspiration de Fulvio Ferrari à raconter l’histoire de Carlo Mollino, une icône qui avait sombré dans l’oubli.
D’un côté, la Casa Mollino donne sur un bucolique jardin de roses et sur le Pô et, de l’autre, sur une affluente route desservie par une ligne de tramway. Il s’agit de l’appartement restauré de Carlo Mollino (1905-1973), qui fait également office de musée consacré à l’œuvre de cet architecte, photographe et pilote acrobatique italien. L’organisation de la première rétrospective consacrée à cette icône partiellement redécouverte par Toni Cordero fut confiée en 1985 à Fulvio Ferrari, qui se lança alors dans une quête visant à assembler toutes les pièces éparses de la vie de ce mystérieux personnage. Fulvio Ferrari et son fils Napoleone finirent par découvrir l’ancien appartement de l’architecte, où ils décidèrent de fonder un musée en 1999. Conçu comme un portrait vivant, cet espace reflète la vision qu’avait Carlo Mollino de l’existence à travers des symboles plutôt que du style « mollinien », reconnaissable par son mobilier en contreplaqué. L’espace ainsi mis au jour par le duo tient en quelque sorte d’une citadelle de philosophe : Mollino pensait que nos corps étaient faits de vie et considérait donc que les matériaux du monde devaient rester entre les mains des architectes. La Casa Mollino révèle l’histoire d’un homme souvent éclipsé par ses propres œuvres.
À l’heure actuelle, il n’est possible de visiter la Casa Mollino que sur rendez-vous ; ce musée cible en effet une audience d’intéressés plutôt que le grand public. La notoriété grandissante de cette personnalité disparue a poussé un nombre croissant de chercheurs, artistes, architectes et designers à visiter ce musée. Des personnages comme Ed Ruscha, Juergen Teller, Samantha Roddick, Chris Dercon, Blonde Redhead, Patty Smith et bien d’autres ont effectué un pèlerinage dans l’appartement restauré ; à travers ses fréquentes visites, le grand metteur en scène de théâtre Robert Wilson cherche simplement à se détendre et à donner libre cours à sa rêverie. Le duo Ferrari continue d’imaginer de nouvelles façons de promouvoir la vie et l’œuvre de Carlo Mollino ; à l’heure actuelle, ils restent les experts les plus compétents en la matière.
Text par Adam Štěch - adapté par la rédaction de TLmag
Photographe : Matěj Činčera