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Todd Bracher représente une nouvelle génération de designers américains qui sont parvenus à sortir de l’ombre de Charles, Ray Eames et George Nelson.

Lightfalls lampe pour 3M

Todd Bracher: « Donald Trump n’affectera pas notre créativité » | Nouveautés

Lightfalls lampe pour 3M

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« Ce qui importe, ce n’est ni moi ni ma personnalité, mais l’utilisateur final », déclare ce New-yorkais né en 1974 qui a étudié au Pratt Institute de New York et au Designskolen de Copenhague. Il a fondé son propre studio en 1999 et travaillé pour des clients comme 3M, Georg Jensen, Herman Miller, Humanscale et Cappellini. En janvier 2017, Todd Bracher a monté l’installation Das Haus au salon du meuble IMM Cologne. Nous avons abordé avec ce designer les questions de la responsabilité, de l’intérêt du public et du climat de création actuel dans la « Big Apple » (le surnom donné à New York).

Vous avez passé dix ans en Europe à étudier et à travailler entre Copenhague, Milan, Paris et Londres. Quelle a été la première pensée qui vous a traversé l’esprit en revenant vous installer à New York en 2007 ?

Je me suis demandé : « Qu’est-ce que je fais là ? » En janvier 2007, il n’y avait pas d’iPhones, ils n’étaient pas vendus au public. Lorsque je parlais de design, les gens ne savaient pas ce que c’était. Une barrière de langage séparait l’Europe et l’Amérique dans le domaine du design. Mais lorsque l’iPhone est arrivé, tout a changé. Les entreprises ont compris qu’en laissant les équipes de design prendre la main sur certaines décisions commerciales, elles pourraient se distinguer face à la concurrence et conquérir de nouvelles parts de marché.

Alodia tabouret pour Cappellini (top). Pure parfum pour Issey Miyake (bottom)

Todd Bracher: « Donald Trump n’affectera pas notre créativité » | Nouveautés

Alodia tabouret pour Cappellini (top). Pure parfum pour Issey Miyake (bottom)

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Une nouvelle vision du design a alors émergé.

Oui, on a commencé à aborder le design de façon plus intelligente et stimulante. Le design européen est bien sûr magnifique et intéressant, mais il en est resté au même point, tandis que la pensée du design a rapidement évolué aux États-Unis. On reconnaît aujourd’hui qu’il s’agit d’un sujet de discussion sérieux et non d’une simple question de cosmétique, une évolution qui a eu un impact de taille sur notre profession. À l’heure actuelle, mon studio travaille avec quatre très grosses entreprises aux États-Unis. Nous les aidons à un très haut niveau stratégique et nous supervisons des tâches qui représentent un chiffre d’affaires d’environ cinq millions de dollars. Rendez-vous compte ! C’est assez fou. C’est une telle responsabilité, et elle est placée entre les mains de designers. Ça ne serait jamais arrivé il y a dix ans.

Quel est l’avantage d’exercer à New York pour un designer ?

Le principal avantage, c’est que cette ville compte très peu de designers. Ensuite, c’est ici que se trouvent toutes les entreprises qui bouillonnent dans le domaine du design interactif et numérique. Ces entreprises progressent rapidement et ont besoin de designers de matériel et de professionnels capables de transformer leurs technologies en des produits de consommation. Je travaille avec 19 experts : des spécialistes de l’optique, des ingénieurs électriciens et d’incroyables programmateurs. C’est à mon sens ce qui rend New York très intéressante : nous avons accès à toutes ces techniques et compétences dans notre propre ville. Et nous avons quelques-uns des meilleurs musées et galeries d’art moderne et contemporain au monde, une autre ressource qui nous permet de rester à la page.

Georg Jensen (top). Water Dispenser fountaine pour Sodastream (bottom)

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Georg Jensen (top). Water Dispenser fountaine pour Sodastream (bottom)

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Quel est l’inconvénient d’exercer à New York pour un designer ?

Le revers de la médaille, c’est que la communauté du design est inexistante. Je ne vais pas au restaurant pour discuter toute la soirée de design avec mes amis. Dans des villes comme Milan, c’est différent : les designers se retrouvent dans un bar et parlent de matériaux, de procédés, de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. Cette obsession pour l’industrie du design et cette interrogation sociale n’existent pas du tout ici. New York est aussi une ville très chère. Il s’agit d’un facteur qui affecte nos choix professionnels, car il faut gagner davantage pour avoir les moyens de vivre ici.

Donald Trump est devenu président en janvier. Ce changement a-t-il affecté le climat qui règne sur la scène de la création à New York ?

Je ne pense pas que la mentalité de la ville ait été affectée. On n’arrive toujours pas à croire qu’il est le président en exercice et on poursuit nos activités habituelles. C’est même bénéfique, d’une certaine manière, car certains de nos clients ont moins peur de dépenser et ont envie d’investir ; le marché financier du pays est plus stable ; les bâtiments sortent de terre et les entreprises travaillent davantage (le design est très lié à ce domaine). Je ne suis pas satisfait de cette situation politique, mais elle n’aura certainement pas d’effet négatif sur notre créativité.

Todd Bracher. Photo: Seth Smoot

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Todd Bracher. Photo: Seth Smoot

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